J'ouvre ce fil de discussion pour poursuivre les discussions hors-sujet que l'on a commencé sur les sujets "Leslys" et "Irisbus".
Aujourd'hui, on parle beaucoup de la "crise de l'automobile". Ce sujet d'actualité est une parfaite illustration des points que j'évoquais sur le poids que représente l'écologie sur l'économie de notre pays, sur la nécessité d'assumer les conséquences des contraintes environnementales et de défendre un équilibre stratégique pour l'industrie de notre pays.
Au delà des difficultés financières qui touchent tous les secteurs de l'économie et le pouvoir d'achat général des Français, on doit s'interroger sur le bien-fondé de venir en aide à un secteur dont on nous expliquait il y a un an à peine, lors du "grenelle de l'environnement", qu'il était la cause de nombreux problèmes sur la santé et sur le réchauffement de la planète.
Tout le monde comprends bien que si l'on demande aux Français de moins utiliser leur voiture, de lui préférer les alternatives que sont les transports en commun et les modes doux, il est normal que les automobiles se vendent moins.
Après tout pourquoi pas, l'histoire est faite de métiers qui disparaissent et d'autres qui apparaissent à la place. D'une part ce que l'on perd en industrie automobile, on peut le gagner en industrie ferroviaire et d'autre part, ce que les Français ne dépenseront plus pour leur voiture, ils pourront le dépenser à autre chose ou ne plus le dépenser ( l'économie est un moyen, pas un but en soi ).
Cela dit, ce recul de l'automobile n'est pas sans conséquences sur l'aspect stratégique de notre politique industrielle. A travers Renault et Peugeot, c'est la France et un certain savoir-faire qui s'exporte dans le monde entier. Lâcher nos fleurons de l'automobile sans avoir au préalable fait émerger et grandir des fleurons dans l'industrie ferroviaire, c'est se tirer une balle dans le pied.
On a beaucoup critiqué ( parfois avec raison ) l'investissement énorme que l'on a consacré au TGV par rapport aux lignes de train "classiques". Toujours est-il que c'est grâce au TGV qu'Alstom est aujourd'hui mondialement reconnu comme la marque de la technologie française.
Des "champions" comme Alstom, il en faudrait plusieurs en Europe ! Le patriotisme économique, ce n'est pas seulement la sauvegarde de nos emplois, c'est aussi un intérêt stratégique, la maîtrise d'une technologie, le fait de détenir le capital et de conserver les bénéfices dans le pays.
Je ne dis pas qu'il faut vivre en autarcie sans comparer les offres des concurrents, je pense même qu'il est bon de montrer aux acteurs de nos entreprises françaises que le marché ne leur est pas acquis et qu'ils doivent sans cesse s'améliorer. Mais lorsque les offres sont à peu près similaires, autant acheter les produits maison. Je préfère enrichir les actionnaires Français d'Alstom que les actionnaires Canadiens de Bombardier !
Et puis puisqu'on s'est affranchi du traité de Maastricht pour sauver nos banques, je propose qu'on s'en affranchisse aussi pour sauver nos industries: on a besoin d'investissements importants qui ne pourront se faire sans l'aide des États et le soutien de nos industries est d'un intérêt général.
Pour en revenir à l'automobile, le risque, c'est qu'à vouloir créer une zone "aseptisée" que serait la France ou l'Europe, on ne ferait que déplacer les nuisances ailleurs dans le monde.
Les pays émergents misent sur l'automobile pour leur développement, subventionnent le pétrole et se fichent royalement des conséquences environnementales. Si l'industrie automobile européenne, qui a fait d'énormes progrès sur la réduction des émissions polluantes, est durablement affaiblie, ils iront acheter ailleurs et au moindre coût, avec les conséquences désastreuses que l'on imagine sur l'environnement. D'ailleurs, au passage, ils ne nous ont pas attendus, ils ont déjà leur propre industrie automobile.
http://www.chine-informations.com/guide ... _1492.html
Et si nous ne soutenons pas nos champions nationaux, ce sont même eux qui nous vendront la voiture écolo de demain :
http://www.radio86.fr/la-chine-en-profo ... et-au-vert
Effectivement, ça peut paraitre contradictoire avec ce que je viens d'écrire mais il faut bien être conscient que la politique, c'est d'abord et avant tout la défense de ses intérêts et que tant qu'il y aura un marché mondial de l'automobile, les constructeurs se regarderont les uns les autres et s'adapteront aux exigences de leurs clients potentiels. Là où nous ne serons pas, les autres y seront à notre place.

Comme tu le dis, les pays émergents ont leur propre industrie. et ce que tu dis me rappelle une position que tu critiques surement. On a vu sur ce forum-même que certains préféraient voir des bus sur A4 sud plutôt que des trams partant de l'idée que des trams plus longs vont réduire la masse salariale. En gros, tu proposes d'aller à l'encontre de notre intérêt pour "sauver" artificiellement un secteur économique, quel qu'en soit les conséquences ? Les entreprises doivent s'adapter. Elles ont peu de chance sur l'entrée et la gamme moyenne avec les concurrences des pays émergents et le haut de gamme n'est probablement pas assez large pour que ce soit suffisant. Il faut impérativement innover dans le domaine environnemental. Par exemple, fournir un produits qui aurait un aspect extérieur unique (donc possibilité de massifier la production de pièces) tout en possédant la motorisation au choix (essence, diesel, électrique, hybride, ethanol...). Je ne sais pas si cette idée est bonne mais il faut prévoir sa reconversion. Ce serait un peu comme si on arrêtait les campagnes de prévention contre la tabagie et l'alcoolisme sous prétexte qu'il y a des gens qui en vivent en France... 


) risquerait de provoquer la colère de nos partenaires économiques... et vu la taille du marché français, nous avons beaucoup plus besoin du reste du monde que le reste du monde n'a besoin de nous, Chris.
Mais la question n'est pas là. On n'est pas dans une discussion de gestion ou de savoir comment serait mieux gérer les financements publics (position pragmatique) mais dans une discussion de théorie, d'idéologie économique. En tant que pragmatique, je constate que personne à ma connaissance n'a prouvé la supériorité d'un fonctionnement sur l'autre. De certains points de vue (point de vue du consommateur*** ou de l'employé, par exemple), on peut trouver de la supériorité quelque part mais sur le plan économique, ça...



