http://tf1.lci.fr/infos/france/societe/ ... ames-.htmlJérémie et Gary rappellent les règles du jeu : "pas de dégradations, on ne fume pas, et on se fait plaisir". Pour cette troisième édition, les organisateurs des "Métro party" ont fait appel à la fanfare étudiante, les "Paies Mobiles", pour animer la soirée. Nées aux Etats-Unis, les fêtes dans le métro ont été introduites en France par les collectifs Aristopunk et Party Terrorist à partir de 2003. Le principe est simple : se réunir et investir une rame de métro le temps d'un trajet pour faire la fête. Pas de tenue correcte exigée, pas de sélection. Montée sur rails, la "Métro party" est une bringue totalement improvisée et ouverte à tous.
Plus qu'une heure. Sur les visages, l'excitation a cédé la place à l'impatience. Le rendez-vous a été donné via le réseau social Facebook. Une centaine de personnes afflue place de la Nation. Perruques, lunettes de soleil, masques et confettis égayent la troupe qu'on appelle ici la "mob". A 22h30, le départ est donné. Muni d'un mégaphone, Gary mène tout ce petit monde vers le quai de la ligne n°6. Le métro surgit, accueilli par des hurlements de joie. Les fêtards se ruent à l'intérieur des wagons qui repartent brinquebalants en direction de Charles de Gaulle Etoile. Sous le regard médusé des passagers, les "Plaies Mobiles" font chauffer leurs cuivres et la rame devient le théâtre d'un embouteillage festif.
Le goût de l'interdit
Mais très vite, le conducteur immobilise le train à la station Dugommier et appelle la sécurité. Trois agents de la RATP apparaissent et tentent vainement de disperser les perturbateurs. Gary et Jérémie assurent la médiation, calment le jeu et permettent à la fête de repartir. Au fil du trajet, la mob passe de wagons en wagons, invitant les voyageurs à se joindre à elle. Malgré son apparence sauvage, elle est généralement bien accueillie par les usagers. Certains se prennent au jeu et esquissent quelques pas de danse. C'est le cas d'Albert qui l'a suivie de la Nation à l'Etoile... malgré ses 64 ans.
Yannick et Luc revenaient du concert de Céline Dion lorsque l'hystérie s'est emparée du métro. "Ça nous a surpris, mais c'est très bien ! On a des enfants aussi et ça nous dérangerait pas s'ils faisaient la même chose" avoue Yannick. Etudiant le jour mais fêtard le soir, Jawad résume bien la chose : "On crée l'effet de surprise et résultat, ça donne une image de Paris qui est sublime ! Pour moi, la Métro party c'est un tsunami qui entraîne et qui fait des heureux".
Renaissance de l'underground parisien
Vers 23h30, la lumière apparaît au bout du tunnel. La voix du conducteur vrombit dans le haut-parleur, annonce le terminus et précise d'une voix incisive que "ce train ne prend plus de voyageurs". Epuisée, la chenille blanche et verte repart au dépôt. Pendant ce temps, l'underground parisien a refait surface pour le grand final aux pieds de l'arc de Triomphe. Mais l'apothéose ne dure qu'un temps car chacun repart de son côté. La "Métro party" se veut une mise en bouche, "un apéro" comme dit Jérémie, et ne se substitue pas à la soirée du samedi.
Cette fin en queue de poisson déçoit certains. Mais comme cette fête, le phénomène qui pourrait s'éteindre aussi vite qu'il a émergé. Selon Gary, "les Métro party, comme tous phénomènes de mode, vont s'essouffler". Elles pourraient être remplacées par d'autres soirées, plus intimes, comme des dîners dans le métro. Nos deux organisateurs sont déjà sur le coup. Insolites, undergrounds et sauvages, les soirées parisiennes sont à l'image d'une génération en quête d'identité... et de divertissement. Cet échange, lancé à la cantonade par deux voyageurs (l'un assis, l'autre dansant), se passe de commentaires : "Vous fêtez quoi ? ... On sait pas !"
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canut le 03 juin 2008, 11:40, modifié 1 fois.